mercredi 17 octobre 2012

N'avez vous pas parfois l'impression...













Nighthawks, Edward Hopper, 1942; Art Institute of Chicago

N'avez-vous pas parfois l'impression qu'un tableau vous suit où que vous alliez? C'est mon cas avec Nighthawks de Hooper. J'ai découvert ce tableau dans ma quête de culture anglophone, et je suis tombé nez à nez sur ceci. Il passe partout à la télévision, il me suit, et j'aime ça. Car finalement les rôles sont inversés, les gens dans ce bar me regarde, alors que c'est moi qui devrait regarder. Ils sont dans la lumière, nous sommes dans l'ombre, mais avec leurs regards, le spectateur se retrouve dans la lumière.

La lumière, si chère à Hooper à ce qu'un poète peut comprendre de l'art, nous fascine ici. La rue où tout peut arriver et le bar où rien ne se passe. L'ombre et la lumière, les ténèbres face à l'éblouissement. Tout ça est un jeu que Hooper nous assène à la face. Un jeu qui nous fait entrapercevoir le rêve américain. La solitude et l'attente d'une rue de Chicago, des braqueurs prenant un dernier verre avant de se diriger vers la banque, une star qui attend son heure de gloire, ou un businessman déconnecté de la vie, essayant de retrouver un sens à son existence.

Ce n'est donc pas un hasard si ce tableau me poursuit! Il représente tout ce qui me caractérise en tant que poète. L'instant gravé, l'interrogation, la nuit, un bar, une poésie toute artistique. On n'est plus dans le cadre d'un tableau, mais dans le cadre d'un mythe. Ce tableau a fait le tour du monde, et il a atterri chez moi. Remarque, j'aurais pu tomber sur pire, comme un urinoir de Duchamp (même s'il y a un point de vue pratique, c'est sûr), un compressé de César (et là pour le point de vue pratique, je cherche toujours), ou même une toile blanche signée (et pour un poète, rien de pire pour l'angoisse de la feuille blanche)...

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?


mercredi 2 mars 2011

Je suis là, au troisième rang...

sLe Sacre de Napoléon, Jean-Louis David, 1805-1807, Musée du Louvre

Je suis là au troisième rang, le deuxième en partant de la droite. N'avez-vous jamais aimé une peinture au point d'avoir envie d'en faire partie. Forcément, l'événement présenté par David est détonant : C'est le Sacre de Napoléon, celui qui se couronne devant l'œil avisé du Pape. Un certain 2 décembre 1804 où est réuni tout ce que contient Paris du monde mondain. L'important n'est pas l'événement commandé, me direz-vous, mais plutôt la peinture prise au vif! D'accord on est bien loin de l'impressionnisme...

Mais après tout, c'est une œuvre de commande, celle qui restera dans l'histoire, alors pas question de se louper. C'est grâce à des mécènes comme celui-ci que l'art a pu se développer, quitte ensuite à blesser son mécène. Alors cette volonté de continuer dans l'histoire est partagée entre gloire du tableau et de l'empereur, maintenant, tous les livres d'histoires contiennent ce tableau, et c'est donc une réussite pour David, il reste présent jusqu'à aujourd'hui et sûrement demain d'ailleurs.

Enfin, on ne parle pas du style, du coup de pinceau, ce qui est bien inutile car seule l'action compte, et le prix que Napoléon paie également. Car bien entendu, on ne peut refuser une telle commande, et l'art doit se soumettre aux caprices des grands, alors qu'attend David pour railler Napoléon, où est son bicorne, cela aurait fait drôle d'effet d'arriver ainsi à la cérémonie, ah que l'histoire a besoin de l'art, mais l'art je pense à aussi besoin d'histoires, et c'est là que j'interviens, enlevant mon feutre, pour en prendre un et composer le prochain tableau de David...

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?

vendredi 9 juillet 2010

Une alchimie particulière...

Alchemy, Jackson Pollock, 1947, Musée Guggenheim, New York

Une alchimie particulière que ce tableau de Pollock. J'entends déjà que nous sommes dans une autre galaxie, c'est pas mon univers... Mais quand on voit ces traits, cet art, on ne peut que se mêler dans sa galaxie. Tout art est geste et pensée, ici, le geste, invoquée par la pensée est exécuté, balançant des brosses à dent au fond de l'atelier. Alors ceci est-il de l'art? Le dripping est reconnu, on l'enseigne dans les écoles maternelles, au primaire, au collège, au lycée, à l'université, mais est-ce pour autant un art que le lancer de brosse à dents? A ce rythme là, des machines pourront faire de l'art, s'il suffit de lancer nonchalamment des brosses à dents.

Autant rassurez les artistes, les poètes, philosophes et scientifiques, les machines ne peuvent pas faire de l'art sans nous. Un humain programmera, et même si il y a tant de choses aléatoires dans le mouvement, le geste, l'angle, la vitesse, si une machine fait cela, c'est qu'un humain l'aura voulu. Ainsi, pas d'art sans hommes. Mais le dripping est-il un art pour autant? Bien sûr que oui, car la mémoire s'en imprègne, apprécie, se délecte de ces trainées sans dessus dessous.

Cependant, le lancer de brosses à dent n'est pas un sport mais bien un art, quand sur une toile, on projette un peu de peinture, reflet de vie, reflet de pensée, alors quand on laisse dériver sa pensée, ça donne cela, une idée hors du commun, enfin pourquoi maugréer contre le lançage de brosses à dents, franchement, notre vie est un dripping à elle-seule, c'est le geste le plus naturel du monde que de balancer, s'énerver, s'exclamer, se mettre en mouvement, enfin vivre tout simplement.

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?

vendredi 14 mai 2010

C'est de l'impressionnisme, ce truc?

Impression soleil levant, Claude Monet, 1872, Musée Marmottan, Paris

C'est de l'impressionnisme, ce truc? Voilà ce qu'un critique, satisfait de sa critique dégaina devant ce tableau de Monet, bouleversant ainsi l'ordre artistique établi, créant un mouvement qui voulait le saisir, sculpter la lumière, la sauvegarder, la regarder. Alors peu importe que l'on voit qu'un point rouge, si l'on n'est myope, car finalement n'est-ce pas le plus important, perpétuer la luminosité naissante, l'obscurité mourante. Ce bateau n'a pourtant pas fini de voyager dans le cœur des hommes, car il réfléchit la lumière, à demi-obscurcie, celle que tout le monde recherche.

Enfin, toutes ces impressions revenantes, propre à l'homme, justifient l'impressionnisme. Monet a su recréer la vision d'un havre de paix, même si le ,jeu de mots sur cette œuvre ne fut guère efficace, j'essaye, je suis pugnace. Mais ce sont des hommes, sur le bateau, je n'étais pas bien réveillé, je ne les avais pas vus, c'est Monet qui m'a trompé, il ne m'avait pas rendu le bon compte de sentiments, d'expressions avenantes, de substituts hypodermiques.

Mais concluons sur la peinture, la toile rapide, la peinture fantasque, le pinceau effleurant seulement, le tableau terminé, accroché, exposé, l'impressionnisme naît, c'est fini, on ne peut plus rien dire, ça parle pour nous, plus besoin de trahir l'œuvre, on a tout compris. Le poète, l'homme essayant de comprendre, n'a pas besoin d'entreprendre l'explication rêvée, il a juste à l'apprécier.

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?

samedi 23 janvier 2010

Ce scientifique est-il astronome ou astrologue?

L'Astronome de Johannes Vermeer, vers 1668, Musée de Louvre, Paris.

Ce scientifique est-il astronome ou astrologue? Vu le sens de la question, il n'y a qu'une solution, et pourtant! Vermeer aime bien jouer sur les mots (voilà que je raconte n'importe quoi!), la preuve, c'est un mec répétitif. Oh, je ne me prends pas pour un quelconque connaisseur de l'art, les spécialistes m'insulteraient, ils m'insultent même déjà, mais ce n'est pas la question. Car qu'est ce que le rôle de notre vie? Les souffrances endurées pour une lutte, Ou la recherche d'une chose et c'est fini! Ouh, si je replace mes propres citations, où l'on va? Ben, justement dans le chemin que Vermeer nous a tracé...

Justement, Vermeer ne se pose pas cette question, elle n'a aucun sens. Même si à l'époque, les choses commençaient à se différencier, on confondait, et peut-être est-ce une erreur, mais je ne juge pas, les deux fonctions. Et ici, même si c'est la même fenêtre que dans toutes ses plus grandes oeuvres, ses plus connues, ses plus contrastées, ses plus j'en passe et des meilleures, l'astronome cherche l'inspiration, donc un astrologue. Il veut organiser un colloque pour la réunion des chercheurs d'illusions dans l'espace sombre et froid qui s'offre à nous.

Et même si vous me dîtes que ce voyage ne se fait pas sans étoiles dans les yeux, je vous dis qu'elles ne réussissent pas à illuminer une vie, la preuve avec la perte de vitesse de la NASA. Et c'est là pourtant, qu'il faudra se réfugier. Alors cet astrologue ou astronome, enfin quoi, un homme, un mortel cherche à trouver une lueur d'espoir, et ce n'est pas par hasard qu'il se tourne vers ce globe, on le verra de plus en plus petitement! Comme quoi, l'art n'est pas une mince affaire, on peut lancer de la peinture avec des brosses à dent, cela ne changera rien à l'acte, comme la poésie, ce n'est que de penser qu'il s'agit!

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?

dimanche 10 janvier 2010

Comment connaître les secrets de notre corps?

La leçon d'anatomie du docteur Tulp, Rembrandt en 1632 exposé au Mauritshuis à La Haye

Comment connaître les secrets de notre corps? C'est une question que l'on peut se poser. Et Rembrandt, comme de nombreux scientifiques avaient trouvé la solution: autopsier, et non pas disséquer, cela est mal poli, il s'agit d'un humain, certes, un criminel, mais d'un homme. Oh, on ne l'a pas toujours autorisé, d'ailleurs qu'une seule de ces petites fêtes était autorisée par an. Mais bon, de là à en faire un tableau! Bon, dîtes-vous que Rembrandt est le paparazzi de l'époque, car en effet, la photographie n'existait pas encore!

Mais là où l'on touche au génie, c'est bien dans la composition. Certes, l'on peut remarquer sans doute un défaut de musculature par ci, par là, mais ce n'est rien comparé à la magie du clair-obscur, un truc bien à Rembrandt qu'aucun paparazzi anonyme ne peut reproduire. Il faut du génie pour représenter une autopsie comme celle-ci! L'ambiance est pesante, et non pas seulement scientifique, c'est quelque chose d'important que nous l'on montre et l'on fascine pour cette leçon un peu particulière. Et même aujourd'hui, ces leçons sont cachées

Alors, on ne peut s'empêcher de penser au devin qu'est Rembrandt, ou je veux plutôt dire à la parodie de ce tableau d'Uderzo. Ah, la scène est sinistre. On n'aura jamais vu un poisson aussi abject que celui-là, n'en déplaise à Ordralfabétix. Et c'est comme cela que l'art entre dans l'imagination collective. Je ne sais pas si quelqu'un découvrira ce tableau pour la première fois, mais une chose est sûre, il ne l'oubliera pas

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?

mercredi 16 septembre 2009

La grande question que personne ne se pose...


Les ambassadeurs ou Jean de Dinteville et Georges de Selve en 1553 de Hans Holbein le Jeune, National Gallery, Londres

La grande question que personne ne se pose est qui sont ces personnages? Personnellement, je ne sais pas et c'est les inconnus de la question, du chef d'œuvre et ça, tout le monde s'en fout! Mais ce n'est pas la question, la question, c'est ce que vient faire cette "seiche" au plein milieu du tableau. Et là, on s'interroge! Quelle est cette plume funeste qui jette son œil sur la peinture du jeune Hans, que ces ambassadeurs sont en mauvaise posture!

La posture, la pose, les sciences, et pour les plus observateurs, un crucifix! Et oui, mort et religion se cache de peur de se faire démasquer, mais l'observateur est intelligent, peut-être pas totalement naïf! Et au risque de surprendre ces contemporains, ce jeune peintre immortalise cet instant, du globe, en fait le tour, du temps, le dénie, mais comme je l'ai déjà dit, l'ombre plane, comme une nature morte.

Il ne reste que la musique morte pour sortir du tableau, de cette étrange scène qui traîne dans un musée brumeux de Londres, et c'est vrai que ce vert subsiste dans le smog londonien. L'humanisme résiste fièrement devant la City, mais on se dit que les riches ambassadeurs, sans nous rappeler un certain ministre de la culture, un Mitterand, iraient à ravir dans la villa Médicis, à deux pas du Vatican!

Et la prochaine fois, si on parlait du vrai art?